République, démocratie, liberté,
trois mots à ne plus confondre.


© Copyright © Hervé Taïeb, 8 mai 2023.

Ce qui suit a été écrit à la suite du couronnement, le 6 mai 2023, du roi Charles III au Royaume-Uni.

Durant cet événement, des mots ont été entendus, notamment "not my king" ("pas mon roi"), qui proviendraient d’anti monarchistes ou présentés comme tels par les médias.
Mais, "not my king" ne permet pas de savoir si ce slogan est dirigé contre la personne de Charles III, ou contre sa monarchie (ou dynastie), ou encore contre la monarchie en général (toute monarchie).
En effet, parmi celles et ceux qui ont clamé ce slogan peuvent se trouver des personnes s’exprimant contre Charles III, d’autres plus généralement contre la monarchie britannique, d’autres encore contre toute monarchie, et d’autres cumulant plusieurs de ces raisons.
Car, il y a bien plusieurs raisons distinctes, mais toutes sont confondues dans un même ensemble, présenté et dit "des anti monarchistes".
Ce n’est qu’un exemple de confusion, car, malheureusement, dans cet exemple encore, la confusion règne, depuis fort longtemps (bien avant Charles III), et c’est profondément regrettable.

Toujours selon les médias, ces dits "anti monarchistes" seraient des "républicains". (Il ne s’agit pas d’un parti politique, mais de manifestants qui voudraient une république à la place de la monarchie britannique).
Là encore, confusion et amalgame sont faits, liant tous ces dits "anti monarchistes" à des "républicains".

En supposant que ces dits "anti monarchistes" soient aussi des "républicains", que changerait pour eux le remplacement de la monarchie par une république ?
Sans entrer dans des détails assommants à lire et trop longs à écrire, le Royaume-Uni est une monarchie dite "constitutionnelle", en laquelle le roi ou la reine règne mais ne gouverne pas. Les pouvoirs du ou de la monarque sont limités. Le peuple vote comme dans une république, et la politique et le gouvernement sont du choix populaire, comme dans une république.
Qu’apporterait alors une république ?

Le problème se situerait peut-être dans un amalgame entre deux mots, "république" et "liberté". Là encore, la confusion règne.
- Est-ce que les populations de l’ex URSS, l’Union des RÉPUBLIQUES socialistes soviétiques, étaient libres ?

- Est-ce qu’était libre la population de l’ex RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE allemande (ou RDA en français, DDR en allemand, pour "Deutsche Demokratische Republik") ?

- Est-ce qu’est libre la population de la RÉPUBLIQUE Islamique d’Iran ?

- L’Allemagne a connu un régime républicain nommé "de Weimar" par les historiens. Adolf Hitler en a été nommé chancelier. La suite est malheureusement, dramatiquement dans l’histoire humaine, connue.

- Est-ce qu'étaient libres et heureux les Noirs de la République d'Afrique du Sud (ou République Sud-Africaine) durant l'apartheid (1961-1991) ?
NB : l'apartheid existait déjà, depuis 1948, mais sous un régime dit de "monarchie constitutionnelle à démocratie parlementaire" (depuis le South Africa Act, 1910).

Dans certaines monarchies, de nos jours, les populations ne manquent pas de liberté. Peuvent être citées, la Belgique, les Pays-bas, l'Espagne, ... (liste non-exhaustive).

Cet amalgame entre "république" et "liberté" est à défaire.
"République" ne veut pas dire "liberté", et inversement. Ce sont deux choses distinctes et à distinguer.
De plus une république n’est pas nécessairement opposée ou incompatible avec une monarchie ou un monarque.
De plus encore, des monarchies peuvent donner toute liberté possible à leurs populations, voire davantage que dans une république (cf. ce qui précède).

Un autre amalgame existe, entre "liberté" et "démocratie".
A Hong-Kong, qui fait aujourd’hui partie de la RÉPUBLIQUE Populaire de Chine (RPC), en 2019-2020 des manifestants exigeaient la "démocratie", ou "plus de démocratie pour plus de liberté", et voulaient revenir au régime britannique, pourtant monarchique, qui avait colonisé et régi Hong-Kong avant que cette région ne soit restituée à la RPC. Durant ces manifestations des "Union Jack", drapeau du Royaume-Uni, ont été vus, brandis par les manifestants.
Manifestations et contestation ont été réprimées par la RPC.

Les États Unis d’Amérique (EUA) (en anglais USA) sont des états démocratiques fédérés en un même régime d’État Fédéral. L’ensemble est aussi un régime présidentiel.
Est-ce que les Noirs Américains, dits aussi "Afro-Américains", avaient des droits et libertés avant les luttes sociales et politiques "des droits civiques" des années 1950-1960 ?
Ils n’avaient, en ces états pourtant "démocratiques", que le "droit" de se soumettre, subir, ou être assassinés par le KKK ou d’autres personnes, mouvements ou organisations racistes et suprémacistes.

"Démocratie" n’est pas synonyme de "liberté", pas plus que "liberté" n’est synonyme de "république".
Ces trois termes ont été amalgamés, liés entre-eux et confondus.
La confusion règne encore dans les esprits.

Les esprits ont été manipulés, endoctrinés, et le sont encore, depuis des siècles. C’est de la propagande et de la manipulation mentale à des fins politiques.
De nos jours, cet endoctrinement, cette manipulation des masses populaires, s’exerce souvent dès l’école, qui ne distingue pas ces notions comme elles devraient pourtant l’être.
Au contraire d’être distinguées et ainsi enseignées distinctement et séparément l’une des autres, elles sont enseignées dans une confusion qui les lie, la même confusion qui règne dans les esprits, de par le monde, comme à Hong-Kong.

Je regrette de devoir l’écrire encore, mais la confusion règne, souvent, partout, et pas seulement dans le domaine des religions.
En voilà assez.

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